Le terme déjà-vu, ou paramnésie (du grec para, à côté, et mnésis, mémoire, formé sur amnésis), décrit la sensation d'avoir déjà été témoin ou d'avoir déjà vécu une situation présente. Cette impression, qui peut être déplaisante, touche à peu près 7 personnes sur 10. Selon le psychologue suisse Arthur Funkhouser, on peut en distinguer trois types différents : le déjà vécu, le déjà senti et le déjà visité1.
Ce terme a été créé en 1876 par Émile Boirac (1851-1917), qui l'a employé dans son livre L’Avenir des Sciences Psychiques.
Les autres anomalies mémorielles sont l'ecmnésie (émergence d'un souvenir passé vécu de nouveau comme présent) et le jamais vu (sentiment d'étrangeté face à une situation, une personne ou un objet pourtant familiers).
Corrélations avec les troubles neurologiques et mentaux
La sensation de déjà vu se produit dans les atteintes diffuses ou intéressant l'hémisphère cérébral droit dans les régions fronto-temporopariétales, cortico-sous-corticales. Elle s’observe aussi dans l’épilepsie temporale23. La stimulation de la zone rhinale (située sous l'hippocampe) de patients épileptiques déclenche dans 11 % des cas une impression de déjà-vu.
Par contre, le déjà vu ne semble pas avoir de relation avec des pathologies mentales telles que la schizophrénie .
Théories
Le phénomène de déjà-vu a été repéré et décrit depuis bien longtemps par Sir Walter Scott, notamment, en 1815. On estime que ce phénomène bouleversant — au point de faire parfois douter de sa santé mentale celui qui l’éprouve — est invoqué par 30 % des individus au moins, surtout entre 15 et 25 ans.
Bien que ce phénomène survienne souvent chez des personnes atteintes de certaines formes d’épilepsie, ce n’est pas, en soi, un symptôme d’épilepsie.
Les hypothèses actuelles qui permettraient d’expliquer la sensation de déjà-vu sont les suivantes :
Arrêt partiel et très court du cerveau : nous vivons quelque chose ; le cerveau s'arrête momentanément d'enregistrer ; nous revivons cette chose au même instant puisque le cerveau ne s'est arrêté que pendant une fraction de seconde. À ce moment, nous avons l'impression d'avoir vécu ceci il y a très longtemps puisque, vu qu'il manque une toute petite information à votre mémoire, le cerveau a du mal à reconstruire certaines notions de temps. Bien sûr, au bout d'une ou deux minutes, le cerveau aura trouvé un complément fictif mais plausible à ce manque, donc cette impression disparaîtra. Même chez l'individu mentalement sain, la mémoire reste un outil complexe et très capricieux. Cette explication peut sembler beaucoup moins spectaculaire que celle du rêve prémonitoire ou de la métempsycose, mais elle illustre l'étendue du mystère lié au cerveau humain.
Du fait de l’association avec certaines formes d’épilepsie, une anomalie temporaire dans le processus de décharge neuronale a également été proposée.
Il s'agirait d'une fausse reconnaissance due à la confusion de la situation présente avec une situation similaire mais non totalement identique du passé, ou à la reconnaissance d'un événement oublié de la conscience (cryptamnésie). Des psychologues pensent avoir reproduit la sensation de déjà vu avec l'aide de l'hypnose
Possibilité d'iatrogenèse dans certains cas : en 2001, le cas d’une personne expérimentant une sensation intense et récurrente de déjà vu durant une période de prise conjointe d'amantadine et de phenylpropanolamine pour le traitement de la grippe a été signalé. Une hyperdopaminergie dans les régions mésotemporales du cerveau pourrait être responsable de l’effet observé.
Croyances
Certains estiment qu'il s'agit de la réminiscence de souvenirs d’une existence antérieure et la preuve de la métempsycose ou de la réincarnation. Cependant, le « déjà vu » peut concerner toutes sortes d’objets et de situations quotidiennes contemporaines, qui ont tout de même peu de chance d’avoir déjà eu lieu. D’autres encore ont émis l'hypothèse que le « déjà vu » serait le souvenir de rêves prémonitoires.
Psychanalyse du déjà-vu
Dans Psychopathologie de la vie quotidienne (1901), Sigmund Freud assimilait le « déjà-vu » à un « déjà-rêvé », il considère que le déjà-vu est bel et bien la reviviscence (réapparition d'un souvenir) d'une perception, mais de la perception d'un fantasme (ou d'une rêverie diurne) inconsciente et que la personne ne peut donc se souvenir consciemment.
Sándor Ferenczi ajoute que le déjà-vu peut signifier la répétition d'un rêve oublié de la nuit précédente. Puis, il applique cette hypothèses aux rêves anciens, voire à des souvenirs phylogénétiques.